C’EST QUOI ?

Le sionisme est un mouvement nationaliste basé sur une identité nationale juive. Il est fondé sur une volonté de fonder un État juif indépendant en Palestine. Cette idéologie est née au XIXe siècle en Europe, dans un antisémitisme ambiant, matérialisé en France par l’affaire Dreyfus en 1894, mais aussi dans une période de mouvements nationalistes qui se multiplient notamment dans les pays arabes du Proche-Orient, qui désirent s’affranchir de la tutelle d’un Empire Ottoman en déclin. Le mot « sionisme » fait écho au retour à Sion (qui désigne une colline à Jérusalem), en terre promise, inscrit dans la Bible Hébraïque. Le dernier royaume juif indépendant avait été détruit par les Romains au 1er siècle.

COMMENT L’ÉMERGENCE DU SIONISME A-T-ELLE MENÉ À LA CRÉATION D’ISRAËL ?

THEODOR HERZL : UN SIONISME POLITIQUE

Même si la pensée émerge dès la moitié du XIXe siècle, c’est à Théodor Herzl qu’on accorde la naissance du sionisme. Ce journaliste autrichien, va théoriser le sionisme dans son ouvrage : « L’État des Juifs », paru en 1895. Il organise le congrès d’ale en 1897 pour expliquer son programme de> « réunification nationale juive ». Cette réunion rassemble les principales associations juives, notamment les Amants de Sion, mouvement né en Russie, en 1881, à la suite de pogroms et d’émeutes antijuives.

Cet événement marque le début d’un sionisme politique et non plus seulement messianique.

COMMENT FINANCER UN TEL PROJET ?

Si la diffusion des idées sionistes est promue par Herzl et les différents congrès, il reste encore à trouver le moyen de mettre en forme le projet, ce qui nécessite des moyens conséquents. Le projet sioniste va se mettre en place dès la fin du XIXe siècle grâce à de riches philanthropes juifs. Le plus connu d’entre eux, Edmond de Rothschild, va commencer à organiser l’occupation de terres palestiniennes à travers des associations comme la Jewish Colonization Association (JCA). Il s’agit concrètement de grandes terres agricoles exploitées par des Juifs, en Palestine. Son objectif est de créer une économie de plantations avec des paysans indépendants qui seront propriétaires de leurs terres dans un second temps.

DÉCLARATION BALFOUR : PROMESSE D’UN ETAT JUIF

Lors de la Première Guerre mondiale (1914-1918), le mouvement sioniste est présent dans les deux camps.

Le 2 novembre 1917, Arthur Balfour, alors ministre britannique des Affaires étrangères, adresse une lettre au président de la Fédération sioniste de Grande-Bretagne, Lionel Walter Rothschild, dans laquelle il fait part de l’engagement de l’Angleterre en faveur de la création d’un foyer national juif en Palestine. Une promesse qui contredit deux accords formulés plus tôt pendant le conflit : d’une part celui de Sykes-Picot, dans lequel la France et l’Angleterre se départagent l’Empire Ottoman (la Syrie, la Palestine et l’Irak), et d’autre part la promesse de création d’un État arabe au Proche-Orient formulée en 1916 par Londres au chérif Hussein de La Mecque, en échange de son aide contre l’Empire Ottoman, qui occupait alors ce territoire.

SIONISME OU NATIONALISME ARABE ?

Les sionistes ne sont pas les seuls à convoiter les terres palestiniennes. À la fin du XIXe siècle, les mouvements nationalistes arabes vont se développer afin de former des États arabes indépendants au Proche-Orient. De nombreux Juifs arabes vivent dans les pays de l’Empire Ottoman, et n’ont pas grand-chose en commun avec les Juifs européens (d’origine Ashkénaze pour la plupart) qui ont fait émerger le projet sioniste. U des premiers théoriciens du mouvement panarabe, Abderrahman al Kawakibi, s’adresse à tous les arabes sans distinction de religion pour entretenir l’idée de pays arabes indépendants où pouvaient cohabiter juifs, chrétiens et musulmans.

Les Juifs arabes ont alors deux discours face à eux, mais l’arrivée massive de juifs européens en Palestine au début du XXe siècle va changer tex relations entre juifs et musulmans arabes.

MONTÉE DES TENSIONS ENTRE LES DEUX GUERRES

Dès le début du XXe siècle, des milliers de Juifs européens vont émigrer en Palestine, encadrés par les différentes associations sionistes sur place. Cette cohabitation va commencer à inquiéter fortement les autorités arabes. Au terme de la Première Guerre mondiale, la Palestine devient un mandat britannique, et le sionisme va s’institutionnaliser dans le même temps. L’Agence juive est créée en 1929 avec l’appui de la société des nations (SDN). Cette dernière organise les différentes vagues migratoires (alyas) Le nombre d’arrivées va fortement augmenter dans les années 1930 sous l’impulsion de la montée du nazisme : on dénombre environ 220 000 entrées officielles. Les relations entre juifs et musulmans arabes vont, de fait, rapidement se tendre.

En 1929, des émeutes éclatent à Jérusalem suite à un différend de longue date entre musulmans et Juifs sur l’accès au Mur des Lamentations à Jérusalem, provoquant des dizaines de morts de chaque côté. Les musulmans répondent par plusieurs massacres à travers le territoire, dont le massacre d’Hébron. Au total, ce sont 133 Juifs et 116 musulmans qui seront tués.

SIONISME ET ANTISÉMITISME

Ces flux migratoires vont être considérés comme une invasion de la part des populations arabo-musulmanes locales, et leurs relations avec les Juifs arabes vont s’en trouver ternies. Le projet sioniste, qui est avant tout un projet européen, va être interprété comme un mouvement juif global, ce qui va accentuer l’antisémitisme. Des pamphlets antisémites comme  » le protocole des sages de Sion » vont être massivement traduit en arabe et la question> palestinienne va mobiliser de plus en plus de pays musulmans voisins. Les notions de juifs et de sionistes vont peu à peu se confondre dans l’imaginaire collectif arabo-musulman.

La détérioration des relations entre juifs et musulmans va dépasser le seul territoire palestinien. Le nazisme et l’antisémitisme européen vont se faire ressentir jusqu’au Proche-Orient, ce qui va avoir pour effet de cimenter une bonne partie des Juifs d’Europe autour du sionisme.

UN MOUVEMENT UNIFORME ?

Peut-on considérer le sionisme comme une idéologie homogène La politique sioniste agressive el expansionniste de ces dernières années pourrait laisser penser que oui. Depuis cent ans, la politique sioniste s’est traduite par une appropriation de terres progressive pendant la première partie du XXe siècle, menant à la création d’Israël en 1948, sous impulsion de l’ONU. Il existe pourtant bien un sionisme de gauche, incarné par le parti travailliste israélien et le Métrez (socialistes). Le symbole de cette gauche sioniste est sans aucun doute Yitzhak> Rabin qui avait réussi à amorcer un début de paix entre israéliens et palestiniens lors des accords d’Oslo, en 1993. Lors des élections législatives de 2021, la gauche sioniste s’est montrée impuissante face à l’alliance conservatrice et religieuse de l’actuel Premier ministre du Likoud, Benjamin Netanyahou.

L’équilibre politique au sein du parlement (Knesset) demeure très fragile, en témoigne la tenue de 4 élections législatives en deux ans. Netanyahou semble aujourd’hui en danger, une coalition formée des bords politiques très différents a pour but de l’évincer afin de former un nouveau gouvernement.

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